Pour cultiver des millions de tonnes de tabac, des millions d’hectares de terres et des billions de litres d’eau sont gaspillés chaque année dans le monde, des sols sont empoisonnés et des forêts déboisées. Un tabac qui est également transformé en cigarettes en Suisse.
À l’occasion de la « Journée mondiale sans tabac » de cette année et sous le slogan « Grow food, not tobacco » (cultivez de la nourriture, pas du tabac), l’Organisation mondiale de la santé attire l’attention sur le fait que la culture du tabac nuit à notre santé, à celle des agricultrices et des agriculteurs ainsi qu'à celle de la planète. De plus, l’industrie du tabac fait obstacle aux efforts déployés pour remplacer cette culture par d’autres, contribuant ainsi à la crise alimentaire mondiale.
32,4 millions de tonnes de tabac sur 4,3 millions d’hectares de terres
Le tabac est cultivé sur 4,3 millions d’hectares dans le monde, soit une superficie équivalente à celle de la Suisse. Les 32,4 millions de tonnes de tabac vert récoltées consomment au total 22 billions de litres d’eau. À titre de comparaison, à peine 80 grammes de mélange de tabac prêt à l’emploi nécessitent en moyenne 290 litres d’eau, soit la même quantité que la moyenne mondiale pour un kilo de pommes de terre.
La culture du tabac menace la sécurité alimentaire et l’approvisionnement en nourriture:
- Rareté des terres utilisables: Des terres de grande valeur sont de plus en plus utilisées pour la culture du tabac dans des pays à revenus faibles et moyens, ce qui réduit les terres disponibles pour la culture alimentaire.
- Pas d’alternatives: La possibilité de se tourner vers des cultures alternatives est parfois limitée en raison de l’absence de marchés solides et sûrs par rapport au secteur du tabac et de l’absence de soutien à l’abandon de la culture du tabac de la part des pouvoirs publics
- Dégradation des sols: La culture du tabac et les produits chimiques utilisés pour sa production polluent les sols et les privent d’éléments nutritifs essentiels à une agriculture productive
- Intensité de la culture: Le tabac est une plante qui demande beaucoup de travail et peut mettre jusqu’à 9 mois pour arriver à maturité, si bien que les petites exploitations ont du mal à cultiver des aliments la même année.
Les efforts politiques déployés pour restructurer les monocultures de tabac sont en concurrence avec les bénéfices élevés tirés du commerce d’exportation. Or, ces monocultures ne génèrent souvent que de faibles profits pour les ménages agricoles, mais endommagent les écosystèmes et présentent des risques considérables pour la santé des agricultrices et des agriculteurs.
Le rôle de la Suisse
En Suisse même, la culture de la plante tropicale de tabac, économiquement non rentable et nuisible à l’environnement, ne cesse de reculer pour atteindre aujourd’hui à peine 400 hectares. Parallèlement, le tabac importé permet de produire 36 milliards de cigarettes par an, dont les trois quarts sont destinés à l’exportation dans le monde entier. Selon l’OMS, environ 350 millions de personnes dans le monde souffrent d’insécurité alimentaire aiguë. Une conversion de la production de tabac en produits alimentaires dans ces pays pourrait permettre de nourrir des millions de personnes.
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